#Interviews
vendredi 01 Avr 2022 - 21h04
Géraldine, fondatrice du Rose Trip

Géraldine, quel est ton état d’esprit en ce début d’aventure ?
Je suis très heureuse d’être là, d’autant que cette première édition a été reportée deux fois à cause de la Covid. Et pour nous, les premières ont toujours une saveur particulière. Comme je l’ai dit aux trekkeuses hier soir au briefing, nous donnons ensemble une âme à ce nouveau trek. Elles resteront les pionnières du Rose Trip Sénégal.
C’est une destination que l’orga adore, particulièrement mon père Jean-Jacques qui a eu un véritable coup de foudre pour le pays lors de son premier Paris-Dakar en moto. Après nos différents déplacements, en petit comité, dédiés aux recos terrain, nous avons hâte d’avoir les retours des participantes en termes de paysages, de difficultés et de points à rectifier.
Quel est le profil des participantes ?
Le concept se veut accessible à toutes. Pour cette première, la doyenne a 73 ans et la plus jeune 23 ans. Pour nous, l’objectif est qu’elles prennent le même plaisir à évoluer sur les pistes. Elles viennent parfois de loin, notamment les Canadiennes qui sont friandes de ce type d’aventure. Parmi le cru 2022, certaines ont déjà participé à l’un de nos événements. Nous avons par exemple une ancienne Trophiste, qui a participé au 4L il y a 20 ans ; elle s’était promis de revenir dans le désert avec nous pour ses 40 ans, c’est chose faite et c’est très émouvant de savoir que nous faisons un peu partie du parcours de vie de ces femmes en quête de dépassement. D’autres ont découvert le Rose Trip au Maroc et voulaient essayer la version sénégalaise pour tester un nouveau terrain de jeu. Nous avons également des filles qui ont fait le Trophée Roses des Sables en octobre dernier… Et puis il y a les novices, celles qui se lancent un tel défi pour la première fois. J’ai le bonheur de les voir évoluer au fil des jours, sortir de leur zone de confort et se féliciter de leurs prouesses.
Et toi dans tout ça ?
Moi je profite de ces moments précieux qui entérinent des mois de travail avec mon équipe, c’est un véritable aboutissement. Les journées sont intenses et j’ai mille choses à penser pour que tout se déroule bien. Mais j’ai l’habitude et j’aime le terrain, je l’attends toute l’année même si j’ai la chance de vivre au Pays basque, où je peux faire des randos le week-end. Mes vie personnelles et professionnelles sont intimement liées. Ici comme chez moi, par exemple, je démarre la matinée par une séance de yoga. Nadia, une amie professeure, propose des séances au réveil et après l’effort. Qu’elles connaissent la discipline ou pas, les trekkeuses apprécient beaucoup ces moments de lâcher prise. C’est une pratique qui rythme ma vie, je suis d’ailleurs une formation pour l’enseigner et je tenais ce que qu’elle fasse partie intégrante du concept Rose Trip.
Justement, au-delà du trek, que propose ce concept ?
Le trek, c’est-à-dire la course d’orientation est le cœur sportif du projet, mais la solidarité est toujours au centre de nos événements. C’est pourquoi Sandrine Planchon, la présidente de Ruban Rose est avec nous et nous dédierons une marche solidaire à l’association en guise de dernière étape. Les Roses Trekkeuses soutiennent aussi l’extension de l’école Keur Maïmouna près de Saly. J’ai rencontré sa fondatrice il y a quelques mois et j’ai eu un réel coup de cœur pour cette femme exceptionnelle. Elle a vendu la maison que son père lui avait léguée pour financer la construction d’un premier établissement, puis d’un second. Aujourd’hui, elle manque de place pour accueillir les effectifs toujours plus importants. Elle tient à la scolarisation des filles, une valeur transmise par sa grand-mère Maïmouna. Je suis heureuse de pouvoir, grâce aux Trekkeuses, financer cette extension. Tous les ans, nous feront en sorte de porter ce projet magnifique guidé par l’association Cap Eco Solidaire.
Ensuite, parallèlement à la compétition, j’essaie de mettre les filles dans une bulle confortable. De retour au bivouac, elles sont chouchoutées par des podologues et des étiopathes qui les remettent d’aplomb après l’effort. Nous avons aussi prévu une soirée djembé, de la cuisine locale pour qu’elles touchent du doigt l’état d’esprit du pays, au contact des Sénégalais qui gèrent le bivouac dans une ambiance très cool.
Et tu marches aussi avec les participantes ?
Bien sûr ! Je n’ai pas le temps de parcourir l’ensemble des boucles car j’ai du travail au bivouac mais j’adore marcher avec les filles, discuter de leur parcours de vie, connaître leurs motivations. Je me nourris d’elles comme elles se nourrissent de l’expérience initiatique que leur permet le trek. Si je fais bien mon boulot, tout le monde y trouve son compte, moi la première ! 😉
